Aujourd'hui c'est mon dernier jour au sein de la classe et le dernier jour avant des vacances bien méritées pour les enfants.
Cette journée commence par la correction des devoirs et celle du petit problème de mathématiques écrit au tableau par le professeur la veille après le départ des élèves en fin de journée. Quand je rejoins la classe à 8h20, le professeur n'est pas encore arrivé mais quelques élèves sont déjà installés. Je m'installe au fond de la classe et voyant les erreurs d'opérations des enfants assis à côté de moi, je commence à les aider afin de résoudre les éventuels problèmes de compréhension et/ou de calculs qu'ils rencontrent. Très vite tous les élèves essayent d'entendre mes explications, je décide de jouer la carte de l'assurance et de me placer devant le tableau afin de faire profiter tout le monde de quelques clés de résolutions. Je leur pose des questions, ils lèvent la main, j'en interroge au hasard et je me rends compte, à ma grande surprise, que je connais finalement presque la totalité de leur prénom. Certains se trompent, j'essaye de les aiguiller petit à petit vers la bonne réponse. J'essaye de rendre mon intervention interactive en faisant réagir les autres pour qu'ils rectifient ou qu'ils complètent la réponse qui vient d'être donnée par l'élève que j'ai interrogé.
Dix minutes plus tard, nous avons corrigé deux des trois problèmes posés quand M. Lolli fait son apparition. Je le salue et me dirige vers le fond de la classe pour me rassoir en me disant que je n'ai pas à être au tableau quand il y est. C'est alors qu'il me demande de continuer mes explications et de finir la correction que j'avais commencé. Je suis ravie, je me sens encouragée et nous finissons les corrections.
Le professeur prend le relais, on passe à la dictée de mots et à la production d'écrit associée. Cette fois, les élèves doivent réutiliser les 5 mots pour construire des phrases déclaratives négatives. Pendant que les élèves réfléchissent, le professeur passe dans les rangs pour corriger les erreurs ; ponctuation, conjugaison, orthographe.
On passe à la correction et chaque élève prononce une phrase avec un des mots que le professeur lui demande d'inclure dans celle ci.
On passe à une activité toute autre; la recherche de quatre mots dans le dictionnaire. Le professeur forme des binômes et chacun a pour consigne de donner la nature et la définition des mots suivants; cétacé, coléoptère, victuailles, apogée.
Cependant, les mots employés dans les définitions du dictionnaire ne permettent pas aux élèves d'en comprendre le sens.
L'exemple de la définition de l'apogée:
nm: (nom masculin)
1 (astronomie) point de l'orbite d'un satellite de la Terre le plus éloigné de celle-ci
2 point le plus élevé, maximum.
Encore faut il savoir à 9 ans ce qu'est un orbite, un satellite et comprendre la deuxième définition qui ne donne pas d'exemple concret.
A ce moment un élève fouille bruyamment dans sa trouve et fait tomber sa règle pour une énième fois, après d'ailleurs une énième intervention du professeur qui lui demande à chaque fois d'arrêter. M.Lolli, très énervé et sur un ton stricte, lui dit que sa patience a des limites et qu'il est à l'apogée de ce qu'il peut supporter vis à vis de lui, au point le plus élevé, au maximum de sa capacité à garder son calme (histoire de réutiliser les mots de la définition donnée par le dictionnaire). Je pense que la classe à comprit ce qu'était une apogée...
Vient l'heure de la récréation, comme à mon habitude depuis Lundi, je discute avec les enfants et réponds à leurs questions (sur l'objet de ma présence ici, mon projet professionnel, mes impressions...). Ils me mettent en garde, "c'est difficile d'être une maitresse parce qu'il faut tout savoir"... me voilà prévenue!
Le directeur passe à ce moment et, sur un ton blagueur, et me dit que plus tard, quand je serai institutrice, l'envie de passer les récréations avec les élèves me passera. Oui, peut être, en attendant, je suis là pour une semaine et je compte profiter de ces échanges hors temps de classes un maximum.
On remonte en classe et on commence une activité de géométrie.
Avec une équerre, les élèves doivent mettre en évidence les angles droits et repérer les droites perpendiculaires.
L'activité semble simple mais les élèves ne savent pas utiliser l'équerre. Ils n'utilisent pas le bon coté et cela prouve bien que la notion de droites perpendiculaires n'est pas encore assimilée.
Après correction au tableau, M. Lolli ramasse les cahiers de géométrie de ses élèves. Il regardera ce soir les erreurs que les enfants ont commises et analysera les corrections qu'ils ont apporté (sont elles complètes? En ont ils commis beaucoup? A l'échelle de la classe et non pas de l'élève; quelle est la question qui a le plus posé problème?
Je pense qu'il faudra évidemment revenir sur cette notion. Le professeur me confirmera par la suite qu'il s'agissait d'une séance introductrice à un nouveau chapitre de géométrie, ce qui explique que les enfants aient eu du mal à, notamment, utiliser correctement l'équerre.
L'après midi, étant à quelques heures des vacances, les enfants sont très agités et les conditions ne sont pas favorables à une véritable séances de travail.
La première heure, nous reparlons des élections de Mardi dernier. Le professeur organise donc une séance de réflexion autour de l'utilité :
=> des isoloirs.
Pourquoi sont-ils obligatoires? Un élève dit qu'ils ne servent pas à grand chose car, dans tous les cas, on procède à un dépouillement. On lui fait remarquer que les bulletins de votes sont anonymes et que pour garantir ce fait là, il faut que chaque électeur puisse faire son choix dans le calme en étant garanti du caractère non nominatif de son vote. De plus, il permet à l'électeur (surtout à leur âge) de ne pas être influencé par les autres, l'isoloir permet donc simultanément la tranquillité et le secret.
=> Du nombre de candidats à l'élection.
Un autre élève répond ''non, parce que s'il y a plusieurs de nos amis qui veulent être élus, on a du mal à choisir. Le professeur réagit en leur demandant selon quels critère doit on voter. Il interroge le même élève et ce dernier se reprend en ajoutant ''on choisi la personne qui a écrit le meilleur programme dans le hall''. Une autre élève répond, qu'au moins on a le choix parce que s'il n'y avait qu'un candidat on serait obligé de voter pour lui''. M. Loli insiste sur le mot ''choix'' qui est ici particulièrement important. Un élève développe cette idée en disant que pour faire un choix il faut avoir vu les programmes et que tous les gens qui ont voté sans l'avoir fait au préalable n'ont pas voté intelligemment. Cette intervention prouve que la notion de vote comme a être assimilée.
Soudain, un élève, surement déçu de ne pas avoir été élu, s'interroge sur le vote et dit qu'il pense qu'un des deux élus a triché pour gagner...
C'est reparti pour quelques explications et les élèves cherchent donc à lui prouver pourquoi il ne peut pas y avoir de triche.
-"Déjà, il y a trois personnes au bureau de vote donc elles vont te surveiller"
-"Et bien je peux prendre deux enveloppes et les déposer en même temps, je suis sûr qu'elles ne s'en rendraient pas compte" dit il.
-"Oui mais à la fin il y a autant de bulletins que de personnes qui votent, sinon c'est pas normal"
-''Ah oui c'est vrai, en plus l'urne est transparente donc si quelqu'un en met plusieurs d'un coup, ça va se voir".
L'élève a finalement compris que les deux élus ont justement été désignés.
Je trouve que donner un cours d'éducation civique de cette manière, en valorisant l'échanges d'idées et le dialogue est une excellente manière d'intéresser les élèves et de les maintenir attentifs. Les élèves participent beaucoup et se focalise sur la réflexion autour du vote. On dirait presque qu'ils ont oublié qu'ils seront en vacances dans une petite heure!
Après cette leçon, pendant la dernière heure de cours, les enfants se voient accorder la liberté de pouvoir choisir une activité. Au programme : lecture, dessin ou jeux de cartes en petits groupes.
Une heure après, il est 15h45, la journée s'achève, mon stage aussi par la même occasion. Les élèves sont ravis d'être en vacances (sentiment que je suppose grandement partagé par le professeur aussi).
Quant à moi, je me dis que ce fut une expérience tout simplement géniale. Il n'y a rien de mieux qu'un stage pour avoir une idée concrète de ce métier si riche. J'ai réalisé à quel point le métier de professeur des écoles demande une attention particulière et un profil polyvalent bien confirmé. Je quitte l'école en étant, je dois l'avouer, triste de quitter les élèves dans le sens où j'aurais adoré avoir de leur nouvelles, j'aimerai savoir leurs notes aux contrôles qu'ils ont fait en ma présence. je me demande s'ils feront des progrès, à quelle vitesse, tout simplement comment se passera le reste de leur année.
Cependant, je repars avec une feuille que j'ai fais passer des les rangs et qui regroupe toutes les signatures des enfants. Je la garderai très longtemps comme souvenir de mon premier stage et je suis ravie d'y avoir pensé =)